Bouger pour grandir : l’importance de la psychomotricité dès la naissance
À partir des propos recueillis auprès de Suzanne Gravel, enseignante retraitée en éducation à l’enfance au Cégep de Jonquière et coordonnatrice du Consortium québécois de développement des pratiques psychomotrices (CQDPP), dans le cadre de notre épisode de balado Grandir, un jeu d’enfant
Dès la naissance, l’enfant se développe à travers son corps. Ce n’est pas seulement une question de motricité ou d’activité physique : c’est par le mouvement qu’il découvre qui il est, entre en relation avec les autres et comprend le monde qui l’entoure.
«Le mouvement, c’est un impératif pour permettre à l’enfant de se développer de façon optimale. »
Construire son identité dès les premiers mois
L’identité de l’enfant ne se forge pas d’un coup. Pendant les tout premiers mois, son univers est fusionnel : il ne distingue pas encore son corps de celui de sa figure d’attachement.
Cette construction progressive de la conscience de soi atteint un tournant autour de deux ou trois ans. C’est l’âge où l’enfant commence à s’opposer, à dire « non », à vouloir tout faire seul. C’est normal — c’est même souhaitable.
« C’est la période de l’opposition. C’est une période qui nous montre que l’enfant a réalisé qu’il a un plein pouvoir sur sa personne puis qu’il est distinct des autres. »
Explorer le monde par le corps
Entre 3 et 5 ans, une nouvelle phase s’ouvre : l’enfant veut tout essayer, tout toucher, être le premier à grimper, sauter, courir. Il explore ses propres limites, découvre ses forces, et surtout, développe son identité.
L’enfant explore tout avec son corps : l’espace, les objets, les autres. Monter, descendre, manipuler, tomber, recommencer… Chaque geste devient apprentissage.
« Toute la découverte du monde se fait par son corps, par ses expérimentations, ses déplacements, ses manipulations.»
« Bouger, expérimenter son corps, c’est à la base de la construction de l’identité de l’enfant, puis c’est la mission première qu’il a à accomplir pendant la petite enfance, de 0 à 5 ans. »
Se construire par l’expérience… et les erreurs
Dans cette phase de développement, tomber n’est pas un échec : c’est un apprentissage. L’enfant développe sa coordination, sa confiance et son autonomie par l’essai, l’erreur et la répétition.
« C’est en tombant qu’on apprend à se relever, puis c’est en tombant qu’on apprend ce qu’il faut faire pour ne pas tomber. »
Favoriser les jeux libres et la présence attentive
Pas besoin de jouets sophistiqués pour accompagner le développement moteur de votre enfant. Les enfants trouvent des ressources infinies dans :
- Les boîtes en carton
- Les foulards
- Les blocs
- Les jeux de cachette simples
Pour vous inspirer, découvrez nos suggestions d’activités simples à faire à la maison, spécialement conçues pour stimuler sa motricité, son autonomie et son imaginaire en toute simplicité.
Les expériences de manipulation libre encouragent la créativité, l’exploration, et surtout, l’estime de soi par la réussite et l’adaptation.
Ce qu’il faut retenir
Être présent, offrir un espace sécuritaire, valoriser le mouvement et le jeu libre : voilà les ingrédients essentiels pour soutenir le développement de votre enfant. Inutile d’en faire trop. L’essentiel, c’est l’amour et la bienveillance.